Combien d'hommes depuis le début de l'histoire de la navigation n'ont-ils pas regardé s'éloigner un bateau ? Voilà ce que font, de ce spectacle banal, les yeux puissants de Joseph Conrad : ' Le voyage était commencé ; le navire, comme un fragment détaché de la terre, fuyait, frêle planète solitaire et rapide. Alentour, les abîmes du ciel et de la mer joignaient leurs inatteignables frontières. Une vaste solitude ronde se mouvait avec le navire, toujours changeante et toujours pareille en son aspect à jamais monotone et majestueux. De temps en temps, quelque autre voile blanche vagabonde, chargée de vies humaines, apparaissait au loin, puis s’effaçait, tendue vers son propre destin. Le soleil éclairait leur course tout le jour et, chaque matin, rouvrait, brûlant et rond, l’œil inassouvi de son ardeur curieuse. Cette chose flottante avait son avenir à elle ; elle vivait de toutes les vies des êtres qui foulaient ses ponts ; pareille à cette terre qui l’avait en
Un blog par lequel j'espère parvenir à faire partager mon admiration pour l'oeuvre du romancier Joseph Conrad.