La citation que j'ai recopié pour mon dernier billet est trop belle pour que je la laisse sans plus de commentaires.
'Tout ce que je sais, c'est que, depuis vingt mois, négligeant les joies ordinaires de la vie, qui échoient aux plus humbles sur cette terre, je 'luttais avec le Seigneur', comme le prophète de jadis, pour réaliser ma création: les promontoires de la côte, les ténèbres du golfe Paisible, la lumière sur les neiges, les nuages au ciel et la vie qu'il fallait insuffler aux formes des hommes et des femmes, Latins et Saxons, Juifs et Gentils.'
(p946-947 des Souvenirs personnels de Joseph Conrad, tome 3 de la Pléïade)
Il est en train de construire Nostromo.
Il lui a fallu tout créer, tout bâtir de zéro. Pour faire Nostromo. La force cérébrale nécessaire. Terrible concentration. Pour insuffler suffisamment de vie dans tout ça. Ce qu'il faut s'efforcer pour rendre tout ça vivant, pour que des paysages, des créatures de mots tiennent debout toutes seuls. Je ne peux m'empêcher de penser que oui il s'agit bien d'efforts surhumains.
Il ne courait ni après la gloire ni après l'argent.
Ce que cela lui a coûté de nous donner tout cela.
Dans ' Au coeur des ténèbres' il écrit d'ailleurs:
' Non, je n’aime pas le travail. Je préfère flâner en rêvant à toutes les belles choses qu’on pourrait faire. Je n’aime pas le travail : nul ne l’aime, mais j’aime ce qui est dans le travail, l’occasion de se découvrir soi-même, j’entends notre propre réalité, ce que nous sommes à nos yeux, et non pas en façade, ce que les autres ne peuvent connaître, car ils ne voient que le spectacle et jamais ne peuvent être bien sûr de ce qu’il signifie.'
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